Il y a bière Triple et bière Triple !

 

Bière Triple, kézako ? Parmi les innombrables variétés de bière, cette appellation très en vogue dans le Nord-Pas-de-Calais et en Belgique est souvent un sujet de confusion. Que signifie exactement le terme « Triple » ? À quel type de bière correspond-t-il ? On se penche triplement sur la question…

Au départ étaient les monastères…

Historiquement, l’appellation « bière double » (« dubbel ») ou  « bière triple » (« tripel ») était utilisée par les moines belges pour désigner une bière plus forte et plus « travaillée » qu’une simple bière blonde. Les brasseurs jouaient sur les ingrédients (principalement le sucre, la quantité de grains et la qualité des malts) pour réaliser une bière plus complexe et plus alcoolisée, à destination des invités ou des clients de marque. De fait, les bières Triples actuelles ont une robe dorée à ambrée, titrent entre 7 et 10 % d’alcool et offrent des arômes d’une grande richesse, avec des saveurs de fruits blancs, des notes de spiritueux, de caramel ou d’épices. Bref, ce sont des bières de caractère, le plus souvent d’origine belge et de tradition monastique ! Deux exemples parmi tant d’autres : la Chimay Triple et la Grimbergen Triple.

Ne pas confondre Triple d’Abbaye et triple fermentation !

Là où ça se complique, c’est que la mention « Triple » est également utilisée pour qualifier des bières ayant subi une « triple » fermentation… Si vous êtes un lecteur assidu de Beertime, la fermentation n’a presque aucun secret pour vous (voir nos articles sur les levures et la Kriek, par exemple). Petit rappel, il en existe trois distinctes : la fermentation spontanée (Kriek, Gueuze, Lambic…) la fermentation basse (Pils, Lager…) et la fermentation haute (Ale, IPA, Trappiste…). En quoi consiste une triple fermentation ? Cela signifie qu’une bière a subi une refermentation en bouteille (éventuellement aidée par un ajout de sucre ou de levure), après les deux fermentations habituelles, la primaire courte à une température élevée, la seconde plus longue à une température plus basse. On parle aussi de bière de « garde » pour ce type de produit.

Double, triple, quadruple, il y en a pour tous les goûts !

La confusion entre les deux sens de l’appellation « Triple » n’est pas grave en soit. Dans les deux cas, on a affaire en général à des bières de qualité, brassées « dans les règles de l’art ». Et d’ailleurs, de nombreuses « Triples d’Abbaye » sont également des « triples fermentations » ! Mais certains abusent de ces dénominations qui ne sont pas encore règlementées et appellent « Triple » des bières qui sont simplement plus chargées en alcool. Mieux vaut donc bien lire les étiquettes ou vous informer auprès du brasseur ou du serveur pour savoir quel genre de « triple » va finir dans votre gosier ! Surtout qu’on trouve aussi des bières doubles et quadruples, ainsi que de « vraies Triples », mais brunes ou blanches…


Ce qu’il faut retenir :

- À l’origine, l’appellation double ou triple provient des moines brasseurs qui distinguaient ainsi la qualité de leur production en fonction de la quantité de sucre, de grains ou de malts employée.
- Ces appellations sont revenues au goût du jour au début du XXe siècle dans les gammes de bières d’Abbaye belges, pour qualifier des bières blondes à fort degré d’alcool.La brasserie Slagmuylder (bière Witkap) et l’Abbaye Trappiste de Westmalle se disputent la paternité de ce style.
- Aujourd’hui, la dénomination « Triple » est source de confusion, car elle regroupe à la fois : des bières blondes, brunes ou blanches de qualité supérieure (type bière d’Abbaye belge) ; des bières ayant subi une troisième fermentation en bouteille (type bière de garde) ; et parfois des bières simplement plus fortes en alcool, mais sans intérêt gustatif !

 

 

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