Pourquoi la loi sur la pureté de la bière allemande n'a plus de sens aujourd’hui

Biérologie - Grand Champ

Si l’on faisait passer un test de pureté à toutes les bières qui trônent sur les étales de nos supermarchés, beaucoup seraient considérées comme impures. Les fins palais que vous êtes ne valident pas ce résultat ? C’est normal, ce test se base sur une ancienne loi sur la pureté allemande qui n’a plus grand sens aujourd’hui. Explications.

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Une loi en décrépitude

Mais de quoi parlons-nous exactement ? Il s’agit d’un décret vieux de plus de 500 ans qui s’appelle le Reinheitsgebot. En 1516, cette loi cherche à limiter le nombre d’ingrédients autorisé dans la fabrication de la bière en Bavière. On y retrouve alors uniquement : l’orge, le houblon et l’eau. Un seul ajout à la bière et vous vous étiez un hors-la-loi ! Il faudra attendre 1906, pour que ce décret soit généralisé à toute l’Allemagne entraînant la disparition de nombreuses bières régionales, comme la bière à la cerise. Et puis, en 1993 le texte connaît sa première modification. La levure, qui n’existait pas au 16ème siècle fait désormais parti des ingrédients autorisés. Amen. Tout comme les stabilisants, les colorants et les arômes qui peuvent désormais être ajoutés à la bière. Enfin, heureusement, à partir de 2005, la vente de bière contenant d’autres aliments est légale, mais elles ne peuvent pas prendre l’appellation « bière ».

500 ans et pas de changement

En voyant ce traité, il n’est pas étonnant de voir que le marché allemand est essentiellement composé de pilsner, la blonde classique. Ce qui a bien profité aux voisins belges, où de nombreuses variétés ont vu le jour comme les lambics ou les krieks. De nos jours en Allemagne, avec l’explosion de la craft beer, les brasseurs modernes arrivent tout de même à apporter une touche d’originalité et de créativité à leurs bières tout en respectant le décret. Ils utilisent notamment des levures spécifiques et sélectionnent avec soins des malts et des houblons précis. D’autres n’hésitent pas à enfreindre délibérément ce décret pour créer des bières hors du commun (et faire le buzz). En regardant tout cela avec de la distance, il est certain qu’en 2020, ce décret n’a plus vraiment sens. Les ingrédients utilisés ne sont plus systématiquement synonymes de pureté (une bière respectant la liste des ingrédients peut être vraiment mauvaise) et il limite aussi les styles de bières possibles. Mais bon, libre à eux de faire ce qu’ils veulent, d’ailleurs la majorité des brasseurs allemands continuent de suivre ces prescriptions de plus de 500 ans qui sont toujours vues là bas comme un gage de qualité.

Ça mange pas de pain

D’où vient ce décret qui est l’un des plus vieux décrets alimentaires européens ? L’Histoire raconte que si le blé était interdit dans le brassage de la bière, c’était tout simplement pour le rationner et l’utiliser pour produire du pain en période de famine. Pas bête : le pain c’est quand même plus nourrissant.

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